Joël Thomas
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Interview de Joël Thomas
- Par keromen-yann
- Le 08/11/2019
Joël, nouveau Président de Kendalc'h Ile-de-France
A l'issue de l'Assemblée générale de l'Association, le 5 octobre 2019, le Bureau de la Fédération kendalc'h Ile-de-France a élu son nouveau Président.
Joël Thomas succède à Jacqueline Lecaudey-Le Guen avec déjà plein de projets pour les Cercles celtiques et groupes bretons de l'Ile-de-France.
- Qui êtes-vous Joël Thomas ?
Je suis un passionné de danse bretonne qui s’intéresse autant aux danses enseignées dans la cadre de la préparation du Championnat de danses Kendalc’h, qu’aux danses pratiquées dans les Championnats locaux organisés par la Confédération War’l leur, ou qu’aux danses pratiquées couramment en fest noz. Je considère que ces trois grands lieux de pratique - et il arrive que l’on y retrouve les mêmes danseurs et danseuses - participent d’une culture bretonne qui pratique ses danses traditionnelles et qui les fait vivre aujourd’hui.
- Pourquoi avez-vous souhaité être Président de Kendalc’h Ile-de-France ?
Il me semblait important de m’investir dans la transmission de ce patrimoine en Ile de France, ce que je fais également en donnant des cours de danse. Au-delà de la pratique et de la transmission de la danse, l’on trouve dans les Cercles celtiques et les différentes Associations bretonnes une culture de l’échange, du faire et du vivre ensemble, de l’engagement au service de la collectivité qui méritent d’être mis en valeur et encouragés.
- C’est quoi au juste cette Fédération ?
La Fédération Kendalc’h Ile de France rassemble les Cercles celtiques et les Associations bretonnes dans lesquelles on enseigne et pratique la danse bretonne, le chant et la musique bretonne, et la tradition du costume et des techniques associées. Chez certains de nos adhérents l’on y retrouve aussi des cours de langues, des évènements festifs, des voyages, des actions extérieures. La Fédération Ile de France couvre actuellement l’Ile de France et la Normandie.
La valeur ajoutée de la Fédération aujourd’hui se trouve dans la formation mutualisée, sur la danse, la broderie, la musique et le chant, par exemple en faisant venir des référents de Bretagne. Elles se trouve également dans l’enseignement des danses du Répertoire commun à tous les danseurs et danseuses de tous niveaux, sachant que ce répertoire commun évolue chaque année et que son enseignement contribue à la diffusion d’un patrimoine riche de plus de 750 danses.
C’est aussi au niveau de la Fédération que s’organise la participation des Cercles aux grands évènements : le Festival Interceltique de Lorient, la Saint Yves, des Gouelou Breizh organisés en Ile de France (Poissy en 2019)…
- Comment envisagez-vous le rôle de la Fédération ?
La Fédération Kendalc’h Ile de France a vocation à rassembler tous les Cercles et Associations pratiquant la danse bretonne, les arts du costume ou la musique et le chant sur son territoire. Nous devons pour cela nouer des liens plus étroits avec ces acteurs et les convaincre de tous nous rejoindre et de s’impliquer dans le projet culturel commun.
Il y a notamment des liens plus étroits à nouer entre organisateurs d’évènements, danseurs, chanteurs et musiciens de l’Ile de France afin que toutes les danses soient régulièrement pratiquées par exemple en fest noz et que les artistes franciliens se produisent plus fréquemment sur les scènes du territoire. Nous devons davantage nous impliquer dans l’apprentissage du chant dans la danse et dans la pratique de la musique dansée. Il y a beaucoup à partager également autour des arts du costume et notre ‘’groupe broderie’’ y est très actif. L’on doit par ailleurs créer de nouveaux évènements en partenariat avec les autres Associations bretonnes de la région, pour le plus grand plaisir de tous.
Notons au passage que l’Ile de France est sans doute la région où l’on retrouve le plus de bretons de toutes origines, de tous les terroirs. D’où une mixité importante et une volonté - et une réalité – de pratiques d’un répertoire de danses beaucoup plus important que dans n’importe quel terroir breton aujourd’hui.
Nous sommes aussi un acteur important de la promotion de la culture bretonne, de la bretonnitude. Et nous avons vocation à contribuer au renouvellement de cette bretonnitude dans une époque et un environnement qui ne sont pas si simples à appréhender. Nous y travaillons et nous souhaitons notamment y travailler avec les autres Fédérations et Associations bretonnes présentes en Ile de France.
La Fédération, c’est aussi le rassemblement d’Associations qui, au quotidien, participent pleinement à l’animation de la vie sociale et qui sont un vecteur important d’intégration puisque l’on trouve un grand nombre de personnes d’origine non-bretonne dans nos Associations et nos ateliers. Nous devons mieux faire reconnaitre ce rôle aux décideurs politiques dont nous dépendons parfois pour les moyens logistiques et parfois financiers dont nos Associations et nous-mêmes avons besoin pour travailler.
- Que peut apporter concrètement la Fédération à ses adhérents ?
C’est une question que nous devons toujours nous poser car c’est l’essence même d’une Fédération.
Nous avons tout d’abord voulu moderniser notre communication et nos outils de communication. Le site internet a été complètement refait et nous sommes aujourd’hui présents sur Facebook et Instagram. Cette communication, nous la voulons aussi au service de nos adhérents qui trouveront à travers nos plateformes de communication un véhicule de promotion de leurs évènements, de leurs sorties, de leurs actions. Nous les invitons à s’en servir pleinement !
Une part importante de nos actions est aujourd’hui centrée sur la formation, sur la broderie et l’art du costume, sur la danse, sur l’histoire, et - insuffisamment sans doute - sur la musique. Ces formations sont ouvertes à tous à des tarifs extrêmement intéressants, mais aussi aux non-adhérents. Plus de 300 stagiaires ont suivi nos formations l’année dernière.
Une autre action concerne l’organisation et la coordination de grands évènements. Tous nos Cercles se produisent tous les deux ans à Lorient ou à la Saint Yves. Tous ont participé au Gouel Breizh en juin 2019 qui a rassemblé plus de 13 000 personnes. Il faut poursuivre cet engagement commun et créer de nouveaux évènements pour faire connaitre la culture bretonne.
Nombre de nos Associations adhérentes ont davantage de moyens financiers et humains que la Fédération aujourd’hui. Pour autant, ils seront de plus en plus seuls face à leurs décideurs politiques locaux lorsqu’il s’agit d’avoir accès à une salle de répétition ou une salle pour un fest noz, voire à une autorisation administrative pour organiser un évènement, faire des crêpes – et il faudra de plus en plus fréquemment des autorisations et des formations pour pouvoir vendre de crêpes et des galettes. La Fédération doit pouvoir porter un message plus haut et plus fort vis-à-vis des décideurs politiques et aider à trouver des solutions pratiques.
Une autre question est : ‘’Que puis-je faire, en tant qu’adhérent, pour ma Fédération ?
Nous venons de confier à chaque membre du Conseil d’Administration un rôle de correspondant de 2 à 5 adhérents chacun. Et de leur demander d’identifier, au sein de ces Associations adhérentes un/e correspondant chargé/e d’assurer la transmission de l’information dans les sens descendant et remontant. Cela devrait participer à mieux faire connaitre les actions de la Fédération à tous les adhérents de nos adhérents – ce qui n’est aujourd’hui pas toujours le cas, et à mieux connaitre les attentes des adhérents à l’égard de la Fédération.
Notre souhait est de créer une équipe qui continue et renforce les activités existantes, en les consolidant avec les autres Associations bretonnes, et qui saura créer une nouvelle dynamique de projets et d’actions plus ancrés dans la vie actuelle, en partenariat avec d’autres acteurs, vers une population plus diffuse de la diaspora de génération récente.
La Fédération manque de bras, manque de moyens logistiques et financiers et a besoin de s’appuyer sur des réseaux d’influence pour faire plus et mieux. Ceci est clairement un appel aux bonnes volontés, et il suffit de pouvoir consacrer quelques heures à une action ou une autre pour participer à ce projet commun.
- Quelles relations comptez-vous avoir avec la Confédération ?
La Fédération Kendalc’h Ile de France adhère de plein droit à la Confédération Kendalc’h, depuis sa création. Au-delà de ses nombreuses actions de terrain en Bretagne et au-delà du partage d’un projet commun de perpétuation de la culture bretonne, l’adhésion à la Confédération nous donne accès à de nombreux stages de formation, accès à la connaissance du patrimoine dansé, costumé et musical. Cette adhésion est l’une de nos racines et elle permet de nombreux échanges qui se font au niveau de la Fédération mais surtout au niveau des Cercles et des Associations et entre personnes passionnées et expertes sur leur sujet et animées d’une même volonté de pratique et de passation de l’héritage. Nous ne pouvons que nous en féliciter et l’encourager.
Pour autant, la Fédération Kendalc’h Ile de France est une Association de plein droit dont les seuls adhérents décident des orientations et des actions sur leur territoire, en fonction d’une réalité spécifique à cette région.
- Comment voyez-vous l’impact en région parisienne de la fusion de la Confédération Kendalc’h avec l’autre Confédération War‘l leur ?
Nous nous félicitons de ce rapprochement et attendons qu’il apporte beaucoup de bonnes choses aux adhérents des deux confédérations. A titre personnel, je les pratique toutes deux depuis plusieurs années et je sais que l’on y trouve une très grande richesse et un très grand engagement d’un côté comme de l’autre.
Le projet de rapprochement avance et se précise chaque jour davantage. Tout ne sera pas réglé le premier mois et il sera sans doute nécessaire d’apporter quelques ajustements au fur et à mesure de l’avancement dans la mise en place concrète sur le terrain et dans les actions. Un sujet important qui concerne nos Cercles qui participent au Championnat est évidemment l’évolution des règles de ce Championnat. Nous devrons y porter beaucoup d’attention pour que les Cercles de Kendalc’h Ile de France ne se retrouvent pas en difficulté dans ce nouvel environnement élargi.
Pour ce qui concerne la Fédération Ile de France et Normandie, nous avons d’ores et déjà noué des contacts avec les Cercles adhérents à War’l leur car nous pensons que c’est avant tout par le partage humain sur le terrain que le rapprochement se fera. Nous leur proposons depuis le début de cette saison de participer à nos stages au même titre – et pour le même coût – que les adhérents d’autres Fédérations Kendalc’h et nous avons commencé à réfléchir à des projets communs pour l’avenir.